La très très longue route pour revenir de l’Alaska



Oui, la route fut longue! Très très longue. En fait, lorsque nous sommes partis d’Anchorage nous avons bouffé 3275 km de bitume et de gravelle avant de poser les sandales à Lillooet (Colombie-Britannique). Faut dire aussi que le temps n’était pas très ensoleillé et qu’il a plu presqu’à tous les jours, un peu, beaucoup, intensément. Mais ces pluies sont un baume pour les pompiers forestiers qui en ont bien besoin.

La route de l’Alaska entre Anchorage et Tok nous a réservé de beaux moments où l’on a pu admirer les chaînes de montagnes Chugach et ensuite Wrangell-St. Elias. Sans parler des grandes steppes arbustives et des immenses zones humides qui se mélangeaient avec les épinettes noires courtes et étroites de la taïga. Et que dire du glacier Matanuska que l’on a pu observer à partir de la route. La Glen Highway est une des plus belles routes panoramiques sur laquelle on a roulée en Alaska. Ah, l’Alaska, grandeur nature jusqu’à la fin. On traversait de petits bleds perdus parfois même abandonnés qui témoignaient d’une époque plus glorieuse ou encore plus audacieuse. La route est infinie mais la chaussée est de bonne qualité, ce qui ne sera pas le cas plus loin… En quittant tranquillement ce pays fabuleux, on se dit qu’il faudra bien y revenir tant on s’y sent bien. Ah oui, c’est sur cette route que l’on a eu un gros impact de caillou dans le pare-brise qui nous a fait une belle étoile de 2 cm de diamètre… pas un camion! Non, une petite voiture de m… que l’on a croisée sur de la belle asphalte!












La section Tok (Alaska)-Whitehorse (Yukon) est un long trajet (630 km) que nous avons décidé de couper en deux en arrêtant à Destruction Bay (Yukon). On est bien sur la Alaska Highway mais on a l’impression que des météorites se sont écrasées sur la route et que personne n’a eu l’idée de la réparer. Je comprends, oui, le pergélisol pose aussi un défi de taille à la construction des routes mais tout de même… c’est la Alaska Highway, bordel! Petit bonus : on croise une maman grizzly avec non pas 1 mais 3 bébés oursons sur le bord de la route en train de déterrer et de manger des tubercules de la pomme de terre eskimo qui abonde dans l’emprise des chemins. Heureusement que le joli petit camping Congdon Creek sur les rives du lac Kluane nous a fait oublier le dur labeur de conduire sur cette section de route de m…












À partir de Destruction Bay, on poursuit notre route jusqu’à Whitehorse. La chaussée est nettement meilleure et les paysages de montagnes, d’impressionnantes vallées et d’immenses tourbières se succèdent. De toute beauté, la lumière du petit matin sur les montagnes, les épilobes et les fleurs des pommes de terre eskimo. Le Yukon est l’équivalent canadien de l’Alaska, plus grand que nature. Tout ce territoire sauvage où vivent plus d’animaux que d’humains, ça fait vraiment du bien! On fait un petit arrêt à Haines Junction où on a visité un magnifique centre d’interprétation du parc national et réserve de Kluane. Totalement fascinant ce parc constitué de 80 % de montagnes et de glaciers. Le parc comprend la plus haute montagne au Canada, le mont Logan (5959 mètres) qui appartient aux montagnes St. Elias. D’ailleurs, on a appris que le champ de glace St. Elias est le plus grand champ de glace non polaire au monde. On peut y découvrir un monde de pics de haute montagne et de glaciers de vallée massifs, des forêts boréales, des lacs étincelants, une faune nordique emblématique et le patrimoine culturel des Tutchones du Sud. À Whitehorse, on en profite pour retourner acheter des bagel frais faits par un québécois qui a ouvert un magasin nommé Bullet Hole Bagels… ils sont vraiment délicieux et ressemblent beaucoup à ceux de Fairmount Bagels à Montréal.






De Whitehorse, la route continue sa trajectoire vers l’est pendant 420 km avant de virer de manière plus décisive vers le sud sur la Highway 37. L’odeur des feux de forêts se fait de plus en plus forte, le ciel est très voilé. On arrive dans une des zones rouges de la Colombie-Britannique, on doit vérifier constamment le statut des routes pour savoir si on peut passer ou non. La Highway 37 est la route qui permet de rejoindre Prince George et Prince Rupert. À part les touristes, elle est peu fréquentée… il n’y a que de petits bleds perdus le long de cette route. Après avoir traversé une longue section de forêts complètement détruites par d’anciens feux (paysages apocalyptiques), le panorama s’améliore en retrouvant les montagnes qui nous accompagneront jusqu’à Meziadin Junction. On constate les changements progressifs de la végétation qui profite d’un climat beaucoup plus doux. Beaucoup de peupliers deltoïdes très hauts et droits et des peuplements d’épinettes blanches. Juste avant Dease Lake, un nouvel impact de caillou dans le pare-brise qui nous laisse une fissure qui continue de s’étendre jour après jour… On a passé la nuit au parc provincial de Meziadin où l’on a pu sauter dans le beau lac vert juste avant que le ciel nous tombe sur la tête, vent, pluie, tonnerre et éclairs.




De Meziadin, on part au petit matin en direction de Houston, à 330 km, petite journée de route! Dès que l’on rejoint la route 16, on a l’impression de revenir à la civilisation, on a un peu de réseau cellulaire (continu) et il y a des voitures sur la route pas juste des VR. On en profite pour s’arrêter au Visitor’s Center et au marché fermier de Hazelton. On voit ici et là des ranchs de chevaux, des troupeaux de bœufs et des champs à pâturage. C’est un paysage plus familier et très différent de ceux que l’on a vus depuis plusieurs semaines. Le ciel demeure voilé par la fumée et l’odeur de fumée est forte.








La route de Houston à Prince George est sans grand intérêt. On décide de poursuivre notre route avant la nuit jusqu’à Quesnel. De Quesnel, on descend franc sud en longeant le grand fleuve Fraser, d’une longueur de 1370 km. On est clairement dans un autre écosystème, plus sec et plus chaud. Les forêts-parcs de pins ponderosa ont remplacé les forêts plus nordiques et plus humides. À Clinton, on retrouve les montagnes qui prennent de plus en plus d’altitude au fur et à mesure que l’on descend vers le sud, on entre dans la chaîne de montagnes côtières.

En tournant à droite sur la Highway 99, on sent que le paysage change complètement. On entre dans un pays de montagnes et de vallées très étroites, la route est en fond de vallée ou encore perchée sur les flancs des montagnes. Les flancs sablonneux de chaque côté du canyon du fleuve Fraser sont tellement beaux avec la maigre végétation qui y pousse et la fumée des feux qui vient embaumer l’air. On retrouve l’effet WOW/OMG que l’on a vécu au Yukon et en Alaska. La descente de l’Alaska prend fin, on arrive à Lillooet et on est passé du 61 degré de longitude au 50e. L’immensité de l’immensité que nous avons parcourue nous submerge enfin. La beauté des lieux, la grande hospitalité des gens rencontrées, leur détermination et leur sens de la liberté nous a conquis.





























Commentaires

  1. Marie et Denis8/01/2023 7:21 AM

    Bonne fête Pedro El conquistador! Que cette journée t’offre de belles découvertes! 🥁🎼🐾☘️☀️🍷🚗🗻🌅🌄
    Au fait! Que fais-tu sur ce tronc d’arbre?
    PIerre mon Cher Pierre, ne vois-tu rien venir, demandait Anne? 😉

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  2. Bravo c'est une très grande étape d'accomplie de monter au bout du chemin en haut et d'en revenir avec une petite poc. C'est super et la vue toujours superbe. A+++. Dan et Laura .

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  3. Encore du gros WOW ! Tant et tant de merveilles et récits fascinants. C'est quoi, c'est quoi, cette grosse roche noire ? Anne, t'as voulu la pétrir, et ce faisant, as laissé tes empreintes dessus !?
    Anne aux cheveux d'ange sur fond noir...magnifique !
    Illegitimus non carborundum... hummm, j'aime ça !

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  4. Ohhh la belle tresse!!! Toujours aussi talentueuse pour cet art capillaire! Et encore tout autant de beauté dans ce décor pittoresque. Vraiment, on apprécie beaucoup votre activité bloguesque... à suivre encore et encore...

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  5. Prise 2! C'est que je me rappelle être passée par Lillooet, qui est assez près de Gold Bridge finalement... Il me semble que Lillooet était un beau petit village, fin '70, mais c'était probablement déjà une petite ville, dans une vallée, entourée tout autour par les montagnes, et il faisait si beau par cet après-midi là... Et il y avait un band très connu dans l'temps, folk, Chilliwack qui y jouait en soirée, me semble... c'est plus très clair après ça... oupsi! De vrais bons souvenirs tout de même... À revoir, pour sûr!

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  6. Et les photos de pierres, Pierre, hi! hi! ...et Anne!!! Ma-gni-fi-ques!!! Merci! Tourelou!

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